Je veux changer le monde

Je veux changer le monde

Jacky, tueur en électroménager (Nouvelle en cours)


JACKY, TUEUR EN ÉLECTROMÉNAGER

 

 

 

 

 

CHAPITRE 1

 

Moi, c’est Jacky, j’ai trente-trois ans, je suis vendeur en électroménager. Vous vous dites que je ne suis qu’un commercial de plus qui harcèle les pauvres vieux jusque sur le seuil de leur porte et que mon histoire sera probablement sans intérêt. Franchement, qu’est-ce-qu’un mec de mon espèce aurait d’intéressant à raconter ? Je suis prêt à parier que vous vous apprêtez à passer à l’histoire suivante.

En fait, j’exerce un deuxième emploi aux horaires irréguliers, je suis « Tueur en série » Ah ! il semblerait que ces trois mots ont attiré votre attention. Votre index qui était sur le point de tourner la page est encore humide, n’est-ce pas ? D’ailleurs, c’est quoi cette manie de lécher votre doigt pour passer à la page suivante ? Je n’ai jamais compris.

Bref, revenons à ma deuxième profession, votre société me colle l’étiquette « Psychopathe », je déteste ce terme. Si vous faisiez preuve d’un peu de jugeote, vous chercheriez les racines de ce mot qui sont psyché : l’esprit Path : maladie. Ça n’a aucun sens, je ne suis ni fou, ni mentalement arriéré. D’ailleurs, sans vouloir me vanter, mes confrères et moi avons souvent un QI supérieur à celui d’Einstein. Incroyable non ?

 

A vrai dire, le mot « Psychopathe » seraient plus appropriés pour vous les dépressifs, les bipolaires, les névrosés, les angoissés, les adorateurs de Satan et j’en passe.

Non, sérieusement, je préfère de loin le terme « tueur en série » ou encore « Serial Killer », c’est plus fun. J’ai une anecdote à ce propos, lorsque j’étais petit, je pensais que « Serial Killer » était une marque de céréales. Je suis sûr que vous vous imaginiez la même chose. Avouez ! N’ayez pas honte, nous sommes entre nous.

 

Il y un autre détail qui me différencie des « psychopathes », je n’ai jamais torturé ou tué le moindre animal dans mon enfance. J’apprécie les bêtes, je détiens moi-même un beau berger australien bleu merle qui porte le doux nom De Mickael Myers. Il m’accompagne à chacune de mes tournées de portes à portes. Les gens font plus confiance à un inconnu avec un animal qu’à un individu seul.

 

Dans mon enfance, j’exprimais mes pulsions à travers des fruits et des légumes. J’ai torturé des tomates jusqu’à qu’il ne reste qu’une bouillie rougeoyante et gluante. J’ai disséqué avec jouissance des choux-fleurs et des brocolis tel que je le fais à présent avec le cerveau de mes victimes. Néanmoins, ce qui m’excitait plus que tout, c’était d’éviscérer des courges et de plonger mes mains dans leurs entrailles orange et poisseuses avant de les arracher avec entrain. Que de bons souvenirs !

 

Une chose encore, je ne souffre d'aucun complexe au niveau de ma sexualité, tout fonctionne parfaitement bien de ce côté-là. D’ailleurs avec ma petite amie c’est séance de jambes en l’air, après chacun de mes meurtres. Ma copine est une infirmière de la mort, autant vous dire que lorsque je me rends chez elle pour dîner, j’emporte mon propre repas et ma propre boisson que je ne quitte jamais des yeux. Elle a déjà empoisonné quatre hommes, jusqu’à que mort s’ensuive. Imaginez la une des journaux avec en gros titre : «  Psychopathe assassiné à l’arsenic par sa compagne, une infirmière de la mort » Ce serait une sacrée ironie du sort, vous ne trouvez pas.

Inutile de vous expliquer ce qu’est une infirmière de la mort, connue également sous le nom de Veuve noire. Je ne suis pas amoureux d’elle, je suis incapable de ressentir ce sentiment, ce n’est que physique, elle a un cul d’Enfer et une putain de chat…Pardon, je m’emporte, encore ces satanées pulsions qui prennent le dessus. Il faut que j’aille les décharger sur une victime potentielle avant d’exploser. Bref, tout ça pour vous dire que je suis un criminel unique, c’est ce qui fait mon charme. Je suis si charmant que mes victimes même mortes me causent. Je suis irrésistible à leurs orbites vides. Pourquoi vides ? Me demandez-vous.

 

CHAPITRE 2

 

J’avais seize ans, lors de ma première tentative de meurtre. Ma cible était une fille, une bombe qui ne l’ignorait pas et qui jouait de son sex appeal. Ses jambes étaient interminables, lisses et blanches. Sa poitrine ne laissait personne indifférent, même pas un homo qui s’assume. Ses cheveux noirs ébènes caressaient ses reins à chacun de ses déhanchements sensuels. Ses lèvres ressemblaient à un Paradis aux fraises. Son nez fin collait parfaitement avec son profil Égyptien. Son teint d’abricot rutilait et aveuglait les Icare que nous étions, qui à chaque regard se brûlaient les ailes.

 

Ses yeux...Enfin plutôt un de ses yeux en amande était d’un bleu aigue-marine allongé par un trait d’eye-liner parfaitement tracé. Son autre œil se composait d’un verre blanc immaculé avec en son centre une pupille artificielle d’un bleu ciel très profond. Les rumeurs prétendaient qu’elle avait perdu son œil suite à un puissant orgasme. Durant l’acte sexuel, la pression sanguine s’accélère. Pour elle sa pression s’était emballée, ce qui avait éjecté son œil hors de son orbite. Néanmoins, la version officielle est plus banale. Elle l’avait perdu en jouant aux mousquetaires avec son frère. Leurs épées étaient faites de bâtons très pointu, son frangin avait dérapé et le tranchant du bois a transpercé la cavité orbitale de sa sœur. Les médecins n’ont pas pu sauvé ni sa vue, ni son œil alors ils l’ont retiré et remplacé par cette petite sphère fragile et déroutante.

 

Vous l’aurez compris, elle fut ma première fois. Non, non, je ne parle pas de sexe, elle fut ma première fois en tant que criminel. De ce fait, ma manière de faire fut maladroite et ratée. J’avais tout prévu, je n’osais pas lui parler, j’avais peur de paraître ridicule en charabia incompréhensible. Alors, j’ai collé mes lèvres à la super glu, afin de ne pas devoir prononcer un seul mot qui pourrait trahir mes attentions. J’avais étudié ses faits et gestes durant deux semaines, je savais qu’après les cours, elle accomplissait un bout de chemin avec ses copines avant de les quitter devant l’’entrée d’une petite forêt qu’elle devait traverser pour atteindre la maison de ses parents. Le jour où j’avais décidé de frapper était enfin là, je l’ai suivie discrètement, avant de surgir de derrière un arbre. Elle a eu si peur qu’elle est tombée en cataplexie, immobile. Son œil de verre m’a fixé d’un air menaçant et accusateur. Quelle ne fut pas ma surprise lorsqu’il s’est mis à me taper la conversation :

« Tu n’as pas l’air con avec tes lèvres scellées et boursouflées . Et moi, de quoi j’ai l’air, je te parle alors que mon demi-frère à côté se tape un gros roupillon. Sérieux, tu crois vraiment que tu es effrayant au point que Gaby s’est évanouie. Trop marrant ! Tu as vu ta gueule de freluquet, tu ferais même pas peur à une mouche. Non, en vérité la beurette que voici est narcoleptique. Elle est juste en train de se taper une bonne sieste. Si ça se trouve, elle ne se souviendra pas de votre rencontre. C’était ta première fois, eh ben mon coco va falloir revoir tes plans, car tu t’ai reçu pour ainsi dire un putain de râteau. Allez gamin, reviens quand tu seras sec derrière les oreilles. Tu as été si pitoyable que la princesse s’est endormie. Ah!Ah!Ah ! »

Quelle impertinence ! Bien sûr je n’étais pas en mesure de répondre à ses sarcasmes.

«  Tu ne dis rien ? Ah ! J’oubliais, tu avais si peur de te ridiculiser en bégaiements incompréhensibles, que tu as préféré sceller ta boîte à conneries. Si ça peut te rassurer, tu n’as pas été ridicule, juste lamentable ! »

 

J’en avais assez entendu, me faire insulter par un œil et pis quoi encore ! Je me suis emparé de mon couteau suisse multifonction enfoncé dans ma poche, j’ai choisi le tir bouchon et j’ai mis fin au débat. Je l’ai planté dans le globe bavard, quand soudain Gaby a cillé, je me suis enfui avant qu’elle ne reprenne tous ses esprits. Je me suis éloigné, attendant impatiemment la douce musique d’un cri de panique lorsqu’elle prendra conscience que son œil de verre est hors service. Mais rien ! Aucun son ! S’était-elle rendormie ? Je me suis rapproché à pas de chats et je l’ai aperçue en train de marcher, le sang gouttant sur le sol, comme si de rien n’était. Putain ! Les zombies existent ! Je n’en croyais pas mes yeux.

« En faite Gamin, je te l’ai pas dit. Gaby est atteinte d’insensibilité congénitale à la douleur. Franchement, laisse tomber ton grand projet de devenir tueur en série. Tu es un loser et si tu continues sur cette voie, malgré mon avertissement, la police te pincera sans trop de problèmes. » A hurlé l’oeil au loin en ricanant.

D’accord, j’avoue ma première tentative de meurtre fut un véritable fiasco. Cet organe visuel à hanté mes jours et mes nuits durant plusieurs mois. Sa voix résonnait dans ma tête et tout autour de moi. Je l’entendais hurler et se moquer de moi. Un jour, au lycée, j’ai croisé Gaby, elle ne se souvenait plus de notre rencontre dans les bois, mais son œil lui s’en rappelait parfaitement. J’essayais d’éviter un maximum de croiser la belle fille aux jambes infinies, cependant lorsque je croisais son regard, sa pupille métallique me fixait sans jamais ma lâcher de vue. Il n’avait gardé aucune séquelles de notre affrontement, il était réparé.

Dès lors, j’arrache les yeux de mes victimes avant de les balancer dans les toilettes, rinçant la chasse de nombreuse fois pour être sûr que ces affreux petits organes ne puissent plus jamais m’humilier.

Sauf que...

 

 

 

CHAPITRE 3

 

Sauf que tous les restes de mes victimes me parlent : Les têtes décapitées, les viscères, les membres, les coeurs etc...De vraie commères, si vous saviez. Dès que je tue une personne, tout ce qui la compose piaille à mon attention : Entre insultes, dialogues insensés, paroles en l’air, c’est une véritable cacophonie. J’ai bien essayé de les ignorer, or, au final, j’adore parler avec tout ce petit monde.

Ben quoi ? Vous pensez que je suis un barge schizophrène, bon pour l’internement. Non, Messieurs, dames. Au moins, je peux me vanter de savoir communiquer avec des pièces anatomiques. Et vous, c’est quoi votre super pouvoir, je vous le demande. C’est bien ce que je pensais. Avouez que vous êtes incapables de rivaliser avec ça.

Hou là là ! Mes pulsions se sont réveillées, vite un aspirateur, mon toutou et hop en voiture. Il me faut trouver un futur cadavre, oups pardon, je voulais dire un client, bien sûr.

 

 

- Allez Mickel Myers, au boulot !

 

Ma proie est déjà toute trouvée, je l’observe depuis quelques semaines. Il est dix heures, dans quinze minutes, elle va déposer son casque de musique sur les oreilles et se mettre au ménage avant de se laisser transporter par une danse endiablée. Son mari travaille dans une industrie alimentaire, lui aussi indirectement est un criminel confirmé. Ben oui ! Si vous saviez le nombre de cochonneries additives que l’on met dans vos soi-disant bons petits plats. Des E par ci, des E par là. Ce E ci provoque des cancers, l’autre E des hémorroïdes, ah et encore celui-ci des ulcères à l’estomac...Sauf que ses crimes à lui ne sont pas punissables, puisque ça rapporte de l’argent. Évidemment, ça fait toute la différence. Bref, dans treize minutes précises, si la circulation est fluide, ma voiture sera garée dans la rue de la petite souris dont moi le chat je m’apprête à me délecter.

Mickel est assis sur le siège passager, je l’ai dressé à faire les yeux doux à mes clients potentiels. La plupart des gens se laissent attendrir, ils sont...comment dire ? Hum, humain. Rien de plus facile qu’avoir un chien dans ses bagages pour appâter son poisson.

 

 

Ça y est, me voilà dans la rue de Madame Sanders, je n’ai rien planifié, j’adore improviser. Quoi ? Vous avez entendu dire que les tueurs en série étaient des êtres machiavéliques et prévoyants. Mes confrères probablement, moi, non comme je vous l’ai dit plus haut, je suis unique, donc mes mises en scène le sont tout autant.

Oh ! Et arrêtez de m’interrompre ! Je ne voudrai surtout pas être en retard à mon petit rancard sanglant. Le portail est ouvert, quelle chance ! En faite, non ce n’est pas du bol, il est toujours ouvert. Aie, aie, que les gens sont imprudents. J’ai laissé mon aspirateur dans la voiture, de toute façon, elle ne m’entendra pas sonner avec la musique à fond dans ses tympans. Je vais la prendre par surprise, c’est plus fun. Je pénètre par la porte de derrière, ça aussi je ne pige pas...Les gens s’assurent de toujours fermer la porte de devant à clef, mais pas celle de derrière. Une autre preuve irréfutable de la naïveté humaine.

A cet instant précis, la délicieuse et pustuleuse Madame Sanders astiquent ses bibelots de porcelaine au salon. J’attrape un couteau électrique qui traîne vers un poulet à moitié nécrosé...Et après on accuse les labos de créer des virus grippaux. A sentir la carcasse de poulet, les laborantins peuvent avoir la conscience tranquille, si Monsieur ou Madame Sanders devait chopper la grippe aviaire, ils n’en seraient pas responsables.

Je me dirige vers le salon, quel veinard, elle a le dos tourné, son cul rebondi effectue un espèce de Twerk adipeux. Un moment, je me pose la question si je suis en train de rêver qu’un gros pudding me fait des avances. Ne pas s’attarder, j’active mon arme relié par une rallonge électrique et la dirige vers son chignon crépu. C’est surprenant, la machine est silencieuse. Wahou, faut que je l’ajoute dans ma collection d’électroménager, je ferai un tabac. Le sang gicle sur mon visage, Madame Sanders virevolte et me fixe de ses affreux petits globes oculaires, bouche bée.

Merde ! J’ai oublié de prendre une fourchette à la cuisine pour extraire cette menace pesante de sa face. Pas grave, je saisis au vol une épingle à cheveux avant que le corps lourd et gras de ma proie s’écroule dans un bruit de fruit pourri. Je la retourne sur le dos et arrache ses yeux vitreux à l’aide de son accessoire à crinière. Vite ! Je les enfonce dans mes poches et les jette dans la cuvette sans un regard. C’est vrai, j’aime bien discuter avec les parties du corps, mais les yeux, c’est plus fort que moi, définitivement leur tronche ne me revient pas. Je redescends, un autre petit coup de couteau électrique et voilà la tête est détachée du reste du cadavre. Je la prends entre mes mains, la dépose sur la table de la cuisine, à la recherche d’un four micro-onde :

« Non, mais ça va pas, tu viens de me tuer petit merdeux ! Sérieusement, déjà que j’ai une sale gueule et tu viens de la séparer d’un corps de rêve. En faite, tu as raison, mon corps est bien mieux sans ma tête, bien plus sexy ! Putain, j’avais quand même un cul à faire pâlir n’importe qui ! »

- Et super doué pour twerk, qui plus est ! Répondis-je du fond de la cuisine, toujours à la recherche du micro-onde. Tu n’as pas de micro-onde ?

« Non, absolument pas ! C’est vachement malsains ces trucs là ! Ça émet des ondes radioactives aussi puissantes qu’à Tchernobyl. J’ai pas envie que mon mari se retrouve avec deux pénis ou quatre testicules. T’imagine comment ce serait dur de faire la part des choses et à tout faire rentrer dans ma... »

- C’est bon, j’ai compris. Inutile de rentrer dans les détails. Bon, plan B !

« Tu es sérieux, tu m’as décapitée et maintenant en plus tu veux faire cuire ma tête aux petits oignons. Tu es un gros malade ! »

- Non, Madame, je suis un professionnel.

« Et pourquoi tu m’as arraché les yeux ? Tu avais peur de regretter ton passage à l’acte ? »

- Je déteste les yeux, ils sont impolis et insolents. De vrais petits connards ! Trêve de bavardages, je dois préparer ma mise en scène.

 

360690-vous-ne-decapiterez-plus-jamais-vos-950x635-2.jpg



01/05/2022
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres