Je veux changer le monde

Il était une fois, un petit scorpion qui se prénommait Gaston, il vivait dans le désert avec ses parents. Gaston a neuf ans, il est plutôt solitaire, tous les animaux du désert ont peur de lui, car c'est un petit garçon très particulier. Il a deux énormes pinces aussi tranchantes que des couteaux, ses huit petites pattes frôlent le sable chaud en émettant de petits bruits désagréables. Le plus effrayant était sa longue queue terminée d'un crochet acéré. Le plus spécial chez Gaston était son air extérieur d'impassibilité, son manque de communication ainsi que ses petites manières qu'autrui ne comprenait pas et parfois lorsqu'il était submergé par trop d'émotions, il piquait des crises terrifiantes capables de résonner dans tout le paysage. 

Gaston ne comprenait pas pourquoi, tous le regardaient avec un regard méprisant et de gros yeux interloqués. Bien sûr, cela lui faisait de la peine même s'il ignorait de quelle manière montrer aux autres son amère tristesse. La seule chose qui ressortait de lui face à cette injustice, c'est une colère certaine. 

Maman lui disait toujours:

- Mon bébé, tu es particulier, mais cette particularité sera ta force tout au long de ta vie. 

Au départ, maman ignorant à quel point son petit scorpion était spécial voulait le protéger et se mettait en colère lorsqu'il ne faisait pas ce qu'on attendait de lui à la maison, ainsi qu'à l'école, Gaston était un véritable petit coquin, toutefois, il ne le faisait pas exprès. 

A l'école, il jetait ses affaires, mettait tout ce qu'il pouvait à la poubelle, riait sans aucune raison, piquait une crise dès qu'il y avait beaucoup de bruits. Ces petits détails gênaient énormément ses petits camarades et sa maîtresse. Il s'agitait sans cesse, traçait de grandes croix rouges sur ses fiches de travail lorsqu'il ne voulait pas faire ses exercices. 

Oh! Oui, Gaston était un vrai petit crapulon. Sa maîtresse était un peu désemparée, elle fit donc appel à un Monsieur qui se rendait dans la classe de Gaston afin de l'aider à maîtriser quelques unes de ses émotions. 

Maman se fâchait souvent lorsqu'elle avait vent des petites bêtises du petit garçon, elle pleurait parfois. 

- Gaston, pourquoi fais-tu ça? 

- Je ne sais pas maman, j'ai pas envie de faire des bêtises, mais c'est plus fort que moi. 

Maman était un peu perdue, elle avait très peur pour l'avenir du petit garçonnet, elle l'aimait tellement, elle voulait qu'il soit heureux. 

Un matin, alors que le petit coquin se promenait aux travers des dunes de sable, un étrange spectacle se déroula devant ses yeux: Une famille de fennec et un chameau se tenait auprès d'un chat des sables inerte, allongé dans le sable. Gaston perçut des sanglots, il comprit que les animaux pleuraient. 

Lorsqu'il le vit approcher, le chameau recula.

- Que fais-tu ici?

- Qu'est-ce-qui se passe? Demanda Gaston.

- Cette petite chatte est morte et cela nous rend très triste. 

- Pourquoi?

- Car la mort est triste. On se met à la place de sa famille et de ses amis endeuillés, on compatit. 

"Se mettre à la place d'une autre personne" Gaston ne comprit pas le sens de cette phrase, il essaya pourtant de toutes ses forces, en vain. 

- Mais vous n'êtes pas à leur place, comment pouvez-vous savoir? 

- N'as-tu donc aucun sentiment? 

"Les sentiments?" Une fois de plus, Gaston resta sur sa faim face à ce terme. "C'est quoi les sentiments? D'où viennent-ils?"

- D'où viennent les sentiments, Monsieur le Chameau? 

- Ecoute petit, va donc jouer ailleurs! Tu poses trop de question et si tu ne ressens rien, c'est que tu n'as aucun coeur. 

Gaston s'exécuta, il ne sut expliquer ce qu'il ressentait à cet instant précis. Tout ceci semble tellement insensé.