Je veux changer le monde

Je veux changer le monde

Sombres méandres et abysses obscures

Cet Univers hostile renferme des sources de douleurs et de peines insoupçonnées. Le vaste paysage qui s'étend à l'infini est déformé par des cratères aux cavités éclatantes et flamboyantes d'une lueur aux ondulations mourantes.

 

Je m'avance au rythme planant des battements de mon coeur. Chaque pas s'accompagne d'un souffle rauque et puissant m'insufflant une inspiration à la vague poétique qui représentera en temps voulu ma seule et unique défense face aux dangers tapis aux moindre recoin de ce monde dans lequel j'ai atterri par mégarde. 

 

J'entends le coulis d'un ruisseau au loin, je peux sentir l'odeur du sang qui en émane. A contre coeur, je laisse mes jambes me guider, sans trop savoir où celles-ci me porteront. 

 

Un terrain miné accueille chacun de mes gestes, des bombes souterraines venant d'un passé chaotique sont capables de m'exploser au visage à tous moments, défigurant au passage le peu de courage qu'il me reste encore pour poursuivre cette épopée aux risques incalculables. Sans réfléchir et par, je ne sais de quelle façon, me voici agenouillée sur la rive d'un cour d'eau paisible aux reflets rougeoyants. Les mains en coupole, je me saisis de cet élément et y goûte, me délectant ainsi de son arôme subtile, symbole de vie. Sa saveur sucrée aux fûts âcres et amère me fait comprendre qu'à de nombreuses reprises, ce flot sanguin s'est égaré hors de son lit, menaçant de son desséchement décisif, dont sa mort imminente. Néanmoins, il continue à suivre son itinéraire silencieux, d'une quiétude inébranlable. 

 

Je me relève et aperçois à l'horizon de grands éclairs zébrant un ciel irréel, d'une grisaille uniforme aux tons monotones et déprimants. Là-haut, une silhouette fantomatique entourée d'ombres spectrales se dresse devant mon champs de vision. Est-ce la tour de contrôle de tout ce no man's land cauchemardesque? Il n'y a qu'une seule manière de le savoir: me rendre sur place sans attendre, c'est sans compter toutes les embûches qui tenteront par tous les moyens d'interdire mon ascension. 

 

Je rencontre sur ma route, des souvenirs qui ont pris la forme de petites bulles auréolées d'une aura aussi noire et glacée qu'une nuit d'hiver. Elles diffusent un relent nauséabond aux effluves répugnantes. Rapidement, je me retrouve prisonnière de cette cage transparente faite de sphères qui grossissent à vue d'œil. Elles tentent de m'étouffer sous le poids de la culpabilité qui m'assaille depuis tant d'années, elles me frappent, elles m'invectivent de leurs horribles petites voix si aigües qu'une hémorragie interne se propage dans mes oreilles. A travers leurs paroles, elles cherchent à m'atteindre et à me faire ployer sous le fardeau des regrets qui s'est propagé en moi tel une lèpre incurable. Elles s'obstinent à me briser psychologiquement. Une fois, leur mission accomplie, elles me livreront en pâtée aux ténèbres qui m'engloutiront, au point que je ne puisse plus jamais remonter à la surface. Je hurle, les mains posées sur chaque côté de ma tête, les yeux fermés, je leur adresse des rimes aux alexandrins chantants. Cela semble les effrayer, la puissance des mots les font détaler à toute vitesse, avant d'éclater en un geyser fumant. Me voilà enfin libre, du moins pour l'instant, je ne suis pas au bout de mes surprises. 

 

Un tsunami de larmes me fonce dessus à la promptitude de la lumière. C'est la fin, cette fois, je ne peux en aucun cas éviter l'échéance, j'en prends douloureusement conscience dès l'instant où un grand uppercut me frappe de plein fouet. La souffrance est d'une telle pesanteur, que l'impression d'avoir reçu plusieurs immeubles sur la tête se présente en mes songes. La houle démesurée à la tiédeur asphyxiante et fétide m'emporte dans un tourbillon à la sapidité saline dont se dégage un oppression de tristesse à l'arrière-goût amer qui m'étrangle de sa cruauté exposée aux milles vents d'une existence fade. Je m'efforce à garder la tête hors de l'eau, j'ai tellement mal, je suis à deux doigts de m'abandonner à mon inévitable disparition. Soudain, je percute une souche, son essence parfumée à la cannelle dégage une exhalaison qui m'est familière et qui m'évoque une réminiscence heureuse dans le creux de ses bras. Je m'accroche de toute mes forces à ce souvenir aux notes d'un bonheur dépassé en attendant que la crue du flot de larmes se décroisse. 

 

La tour de contrôle n'est plus très loin. Devant moi s'érige une profonde forêt aux arbres efflanqués, leurs ombres abyssales m'invitent à visiter l'antre inconnue des méandres sombres, aux abysses obscures qui se situent au coeur de leur unisson. Je cherche un autre chemin, il n'y en a aucun. Une bise légère me transmet un message d'outre-tombe, il s'agit d'un susurrement à peine audible qui m'apprend que je suis obligée de passer par là pour réussir à atteindre le sommet de cette colline où je serai enfin en sécurité. 

L'angoisse, la peur, le mal-être nouent chacune des particules qui composent mon Être broyé par le désespoir. Le choix n'est plus mien, je m'avance lentement. Une fois parvenue à l'orée de ce bois fantomal aux mouvements terrifiants, je relâche toute l'air contenu dans mes poumons, avant de pénétrer à travers cet Enfer dont j'ignore tout. Je peux juste y sentir la présence du mal. A peine ai-je franchi la limite entre le monde des souvenirs, des larmes et de celui-ci, le sentier par lequel je suis arrivée se referme et disparaît derrière une épaisse végétation faite de buissons drus aux fruits vénéneux. Les arbres semblent avoir bougé, je ne peux plus faire marche arrière, tout est obstrué et infranchissable. Je n'ai pas d'autres options que celle de m'enfoncer davantage au centre de ce lieu aux milles douleurs. Plus j'avance, plus mon environnement s'assombrit jusqu'à n'être plus qu'un trou noir à la cécité aveuglante. Je n'ai plus ni repère, ni soutient. Je tourne en rond des heures durant.  

 

Je n'en peux plus, au sol, je m'écroule. Je ne vois plus rien, je ne ressens plus ni joie, ni peine, je n'éprouve qu'une grande désespérance et je suis accablée d'un sentiment de solitude hors du commun.

 

Je laisse tomber, le peu de rêve qu'il me restait éclate en mon for intérieur. Je vais rester ici en attendant que la Mort daigne venir me chercher. De toute façon, je ne retrouverai plus jamais mon chemin à travers ce dédale à l'issue inexistante. Dans cette obscure noirceur, aucune sortie n'est détectable. A quoi bon? 

 

Je dors et me laisse croupir en priant ma douce amie au caractère morbide et à la faux acérée de venir me sortir de là. Les jours, les nuits défilent et se ressemblent sans aucune considération de ma part. Je dors encore et encore, perdant complètement pied avec la réalité...

 

A SUIVRE

 

cff4904e3fc2a7a53918b181a3dca936.jpgdfd08e8bd8322618374db1a96c4824cd.jpg37186f0dc151375dea2f2b7a79bec518.jpg


 

 



06/01/2023
0 Poster un commentaire
Ces blogs de Littérature & Poésie pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 12 autres membres