Je veux changer le monde

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Rêveurs en sursis

Laeticia Skyred                                                                                                       Roman

 

 

REVEURS EN SURSIS

 

 

 

 

 

PROLOGUE

 

 

«Les feuilles tourbillonnent sur les rues désertes d’Édimbourg. Un arôme automnal frais et doux à la fois se dégage de cet atmosphère tranquille. Le soleil s'élève timidement dans le ciel ombragé par quelques cumulus blancs. Un petit groupe de fidèle marche lentement en direction de la Cathédrale Sainte-Marie. Nul ne s'imagine ce qui les attend, pourtant l'odeur qui se dégage est celle d'un présage de la mort, je peux la sentir au travers de mes songes. Un relent amer de soufre pénètre mes narines, la nausée me prend soudain. Je suis spectateur de ce qui se passe, comme si je regardais un film au ralenti. Des flash sur l'horloge qui domine le sommet de l'Eglise montre 9h00, avec une insistance éhontée. Des femmes et des Hommes de tous les âges s'apprêtent à se recueillir en ce lieu béni. J'ai conscience que je dors, que tout ceci n'est que le fruit de mon inconscience, je me souviens avoir pas mal picolé durant la pendaison de crémaillère de mon frère et de sa fiancée et je suis en total immersion dans des pensées dont je n'ai pas le contrôle, néanmoins tout semble si réel, je ressens tout: La bise sur mon visage, un arôme de vin chaud au loin, le parfum des passantes, l'after-shave des travailleurs pressés, les gaz des pots d'échappements des voitures et jusqu'au couches putrides d'un bébé dans une poussette dont la mère au traits tirés de fatigue porte d'un côté un packtage d'où débordent un biberon, des couches, des serviettes humides et un doudou à l'effigie d'un clown sur le point d'embrasser le trottoir et sur l'autre épaule un sac à main gucci aux lanières de cuir beiges. Durant un instant, je me concentre sur cette femme aux longs cheveux bruns et aux yeux noisettes, je la suis du regard jusqu'au moment où elle disparaît dans un bâtiment aux couleurs rosâtres sur lequel est écrit en grandes cursives dorées «Crèche des petits canards». Soudain, des cris horrifiés résonnent dans mon esprit, ils émanent de la Cathédrale St-Marie...Un cri inhumain guttural crache une élocution qui ne m'est pas inconnue «Allahu akbar». Je me retrouve dans la Cathédrale, sans trop savoir de quelle manière je suis arrivé là, c'est un rêve donc tout est possible, je suppose. Impuissant face à la scène qui se déroule devant moi, je hurle «Ce n'est qu'un rêve, par pitié faites que je me réveille!» Les images sont insoutenables, une femme se fait décapitée devant moi à coups de poignard répétés, le sang se déverse de sa jugulaire libérée de sa prison de chair, les yeux de la tête tranchée clignent une dernière fois avant de fixer pour l'éternité les voûtes de l'au-delà, le corps effectue un dernier soubresaut et se fige. Les gens hurlent, au loin j'aperçois l'assaillant très nettement, une vingtaine d'année, il poignarde au hasard toutes les personnes qui passent à sa portée, une vraie cohue agitée viole le silence de St-Marie.

Les gens courent, tentant d'éviter les coups de lames, l'Assassin au regard déterminé semble ne pas vouloir s'arrêter tant qu'il ne les aura pas tous transformer en cadavre. Les fidèles s'écroulent les uns après les autres, certains agonisent, d'autres émettent un soupir dans un râle ultime, des fusions d'hémoglobines giclent sur les murs, les bancs, plusieurs corps sans vie jonchent l'autel sur lequel une bible est rougie comme si l'agneau sacrifié dont on relate l'histoire dans ses pages en émergeait. Le fou-furieux termine son apogée en clamant une fois de plus «Allahu....» Il ne put achever sa phrase, une balle l'atteignit en pleine poitrine, il chuta sans même émettre le moindre son.

Je n'en peux plus, il faut absolument que je me réveille, tout ceci n'est pas réel. «Allez! Réveille-toi!» Je tente de reprendre le contrôle de mon esprit, mon corps réagit, je sens la sueur se déverser le long de mon échine, toutefois mes yeux refusent de s'ouvrir. A travers les images de mon inconscient, je cherche désespérément une porte qui me permettrait de remonter à la surface pour regagner mon lit et ma réalité. Là, sous l'autel ensanglanté, une trappe, c'est ma porte de sortie, j'en suis persuadé. Je la soulève et me glisse dedans, essayant de ne pas tenir compte du relent putride qui commence à se dégager de cette scène d'horreur, le soufre étant l'odeur la plus accentuée.

 

 

1

 

  • Chéri, tout va bien?

 

Une sueur piquante enrobe tout mon corps, je rejette violemment les couvertures à mes pieds, je me lève brusquement, un vertige désagréable m'oblige à me rasseoir. Je prends ma tête entre mes mains et me balance d'avant en arrière en pleurant.

 

  • ça recommence Elise!

  • Quoi donc?

  • Mes cauchemars lucides. Des morts et du sang partout, des odeurs que je pourrai te décrire dans les moindres détails. Il va se passer quelque chose de terrible tout bientôt. Il faut prévenir la police.

  • Calme-toi ! Tu as juste fait un mauvais rêve.

  • Non, Elise, cette fois c'était différent, un attentat va avoir lieu à Edimbourg, il y aura énormément de morts.

  • Sofian, tu me fais peur. Allons en discuter à la cuisine autour d'un bon thé.

  • Je vais aller me doucher, je suis trempé.

  • Fais donc ça! Je t'attends en bas.

 

Elise enfile un t-shirt et un pantalon de jogging qui traînaient par là, elle s'apprête à quitter la chambre, avant de disparaître dans le couloir elle me fixe de ses grands yeux verts en amandes.

 

  • C'est bon, tout va bien. Ne t'inquiète pas, mes pensées seront remises dans l’ordre après une bonne douche chaude.

 

Un sourire crispé s'afficha sur mes lèvres, cela sembla la rassurer.rever-de-mort.jpg

 



11/03/2022
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