Je veux changer le monde

Je veux changer le monde

Chapitre 8 à 10 de mon livre

CHAPITRE 7: REPAS CHEZ ALICE ET PATRICK

 

Celui qui aime à apprendre est

bien près du savoir.

 

Proverbe de Confucius

 

Il est 19h30. nous arrivons chez Alice et Patrick. Plus nous approchons de l'entrée, plus l'angoisse et les images du passé me transpercent le coeur. Ma respiration est saccadée, mes mains tremblent.

Avant que papa frappe à la porte, je chuchote à ma soeur:

- Reste toute la soirée avec papa et moi! Ne te déplace pas ni seule et surtout pas avec Patrick. Si tu dois aller aux toilettes, tu me le dis et je t'accompagnerai.

 

- Mais.....

- Fais ce que je te dis! sifflais- je entre mes dents.

- D'accord

 

J'ai vraiment peur pour elle. Elle n'a que sept ans, elle est autant impuissante que moi je l'étais lorsque j'ai été victime de ce crime.

 

- Salut les filles, salut Steph! Nous crie Alice en nous ouvrant la porte. Entrez!Entrez!

 

En pénétrant dans le chalet, mes yeux se lèvent au plafond où un carré le découpe et d'où un corde pend, autrement dit "L'entrée de mes Enfers". Nous tournons à gauche, à droite et nous voici dans la pièce où est installée la salle à manger et le salon. La personne que je veux le moins voir y est assise. Il se lève et se précipite vers mon père.

 

- Eh! Badoum! Comment va?

 

Badoum est le surnom que les collègues à papa lui ont intitulé. Il serre avec énérgie la main à mon paternel. Il désire me faire la bise "HORS DE QUESTION!" Je recule d'un coup sec, il n'insiste pas et fait la bise à Ophélie "N'approche pas de ma soeur connard!" jurais-je dans ma tête.

 

On s'assoit, on prend l'apéritif et enfin la raclette est servie, je hais la raclette. Alice se tourne vers moi et me dit:

 

- Laeticia, tu as bien grandi, mais tu as pris pas mal de poids! As-tu déjà songé à faire un régime?

 

A ces mots, je ressens comme du gêne, du mal-être, déjà mes camarades qui trouvent toujours des insultent à me dédier à cause de mon embonpoint et maintenant elle.

 

Oui, il faut absolument que je maigrisse!

La soirée me paraît longue, je n'ose pas croiser le regard de Patrick ni celui de mon père par peur qu'il se doute de quelque chose. Ophélie reste tout le long avec moi à part une fois où elle avait un besoin à satisfaire, je l'ai suivie comme prévu.

Je n'avais pas l'envie d'avouer ce qui c'était passé, car mon père était déjà assez déçu d'avoir une fille comme moi donc je ne voulais pas encore plus le décevoir en lui disant qu'un de ses meilleurs amis m'avaient fait du mal.

 

La soirée se termina enfin. Dès que nous sommes dans la voiture, je ressens une grande sensation de libérté, de soulagement or ma tête est obsédée par le verbe "maigrir".

 

 

MON REVE

 

Mon rêve

Est de faire une trève

Car de toute cette souffrance j'en crève

 

Je souhaiterai vivre sous un jour meilleur

Car la vie n'est qu'un leurre

Elle ne compte que pour du beurre

Et cela m'ecoeure

 

J'ai plus envie de me battre

Je ne désire plus combattre

Le temps qui passe a le chic pour m'abattre

Comme une fleur fânée je n'ai plus qu'à me rabattre

 

Comment puis-je en finir

De souffrir

Je veux mourir

Les jours ne sont plus aux rires

Je souhaite mourir

 

Laeticia Roserens 15 ans

 

 

 

 

 

CHAPITRE 8: PREMIER SOIR / PREMIER MENSONGE

 

Brisez vos limites faites sauter

les barrières de vos contraintes

Mobilisez votre volonté, exigez

la liberté comme un droit, soyez

ce que vous voulez être. Découvrez

ce que vous aimeriez faire et faites

votre possible pour y parvenir.

 

Proverbe de Richard Bach

 

C'est dimanche, papa nous ramène à la maison. Au souper, nous avons café complet. Pleine de bonnes choses à manger sont étalées sur la table: " nutella, salami, charcuterie, petits cakes au chocolat etc..... Je veux prendre un cake, soudain dans ma tête, une voix que je n'avais jamais entendue arrête d'un coup sec mon geste.

" Ne prends pas ça, c'est une quatité majeure de sucre et ça fait grossir" Je m'abstiens avec difficulté. Je veux prendre un yaourth aux fraises, la voix me reprend à nouveau:

" Non, il y une majorité de glucides là aussi"

Un bout de salami?

"Non, c'est la graisse en personne, si tu prends ceci, tu vas prendre dix kilos"

A la suite de ces trois refus, j'abandonne malgré mon estomac criant famine.

 

- Laeticia, ça va? tu ne manges rien? s'inquiète maman

- Non, on a été mangé avec grand maman Monique et papa à midi au restaurant donc je n'ai pas très faim.

 

C'est la première fois que je mens à maman, bien sûr c'est une excuse bidon afin qu'elle ne m'oblige pas à m'alimenter.

- Ben ne manges pas alors, si tu n'as pas faim.

- Merci en plus je suis crevée, je vais aller me coucher.

- D'accord vas-y!

 

Je me lève et range mes couverts propres avant de saisir ma Souguette ma petite chatte grise et de l'emmener avec moi dans ma chambre.

 

- Bonne nuit ma puce, je t'aime.

- Bonne nuit maman

J'aimerai tellement lui dire que je l'aime, mais c'est plus fort que moi, ces mots restent en travers de ma gorge.

 

Je pénètre dans ma chambre ornée de cinquantaines d'une majorité de posters de chats et d'autres de chiens etc.............J'adore les animaux, se sont mes seuls confidents, mes seuls amis, grâce à eux je me sens moins seule, ils sont avec ma familles ce que j'ai de plus importants dans ma vie de solitaire.

 

Je m'allonge sur mon lit, Souguette me fait plein de câlins et finit par se lover à mes côtés.

Ma nuit fut très agitée, cette voix que j'avais entendu au souper me harcela toute la nuit sans répit :

" Maigrir, il faut que tu maigrisses, tu es trop grosse, il faut que tu maigrisses, on va commencer par abdiquer les glucides"

 

 

TIRE DE MON JOURNAL INTIME

 

                                                                                               Mercredi, le 19 février 2003

 

A quoi bon que je vive, puisque je me fais haïr de tous côtés?

Tout le monde me déteste, ils veulent que je crève afin que je leur foute la paix à jamais, que je cesse de leur faire chier!

Mais pourquoi me haïssez-vous tant?

Qu'ai-je fait?

Ai-je fait tant de péchés que ça?

Esct-ce un grand péché que j'ai fait en venant en ce foutu monde???

J'aurai du prendre la place de mon petit frère Quentin : crever à sa place.

N'empêche que ça n'aurait pas fait une grande perte!

N'est-ce pas?

 

                                                                                                                        Laeticia Roserens 13 ans

 

CHAPITRE 9 : PREMIER MOIS

 

Tu accueilles en toi le mal et

tu le transformes en bien car le

mal n'existe pas mais seulement

la force non transformée

 

Proverbe du dialogue avec l'Ange

 

Mon réveil tinte, il est 6h30, je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit. Des cauchemars m'ont hantés chaque fois que j'avais l'audace de fermer les yeux. Je me positionne devant mon miroir et me regarde de la tête aux pieds. On ne voit que mon gros ventre, mes énormes hanches et mes grosses fesses. C'est affreux!

"Maigrir, il faut maigrir"

 

Je me vêtis et me dirige à la cuisine, là où maman est assise comme à son habitude café devant elle et cigarette au bec. Elle n'a même pas encore pris du poids, étrange, nous sommes déjà au mois de février et le bébé est prévu pour juin.

 

- Coucou, ça va?

- Oui, maman

- Tu veux manger quoi?

- Oh! Rien merci, je n'ai pas faim.

- Mais qu'est-ce-qui t'arrives?

- Rien, c'est juste que je n'ai pas faim c'est tout.

- Laeticia, parle-moi!

- C'est simplement que je me trouve trop grosse et je veux un peu maigrir histoire d'être un peu mieux dans ma peau.

- Laeticia, tu n'es pas grosse.

- Alors pourquoi les autres se foutent de ma gueule en me traitant de gros tas de morve, décapsuleur, grosse vache?

- Je sais c'est difficile, surtout à ton âge mais tu sais moi aussi, j'étais potelée quand j'étais petite. On me traitait de gros poulet.

- Oui, je sais, mais moi je ne veux pas rester comme ça, c'est tout.

- D'accord, le truc ce n'est pas de t'interdire de manger, c'est de manger équilibré et sain de faire attention c'est tout.

- C'est ce que je vais faire.

- D'accord, mais essaie de pas aller trop loin!

- Promis maman.

 

Une promesse, que malheureusement je n'arriverai pas tenir.

 

Il est 6h55, je dois m’en aller pour retourner dans cette école sortie de mes plus pires cauchemars.

 

Je descends à Aproz, me pose en attendant l’autre bus nous amenant à Basse-Nendaz.

Fabienne et sa bande de copains sont là eux aussi. Ils me toisent du regard et se mettent à ricaner telles des hyènes. J’aperçois deux camarades d’école s’approcher de moi : *Samuel* et *Florian*. Ils se stoppent subitement devant moi, se jettent un regard complice et leurs yeux se tournent à nouveau vers moi.

 

- Salut cervelas périmé ! M’envoient-ils avant de s’éloigner en raillant

 

- Salut Laeticia ça va ?

- Salut Sylvie ça va et toi ?

- Non, j’ai de nouveau des problèmes avec mon père.

« Pour changer »pensais-je

Je ne lui réponds rien, je n’ai pas la tête à lui porter mon aide aujourd’hui. En temps normal, je lui donne des conseils, l’écoute mais là je n’en ai vraiment ni l’énergie, ni le courage, ni l’envie.

- Laeticia, tu es sûre que ça va ?

- Tout va bien j’te dis.

 

Le bus fait son apparition, tout le monde se précipite pareils à des fauves sauvages bondissant sur leur proie. J’entre parmi les derniers. Je pose mon pied sur la première marche, soudain quelque chose de froid et dure me percute l’oreille, ce qui me fit l’effet d’une brûlure stridente. Je regarde derrière moi afin de voir ce qui en était à l’origine. C’était une boule de neige envoyée par Fabienne à plat ventre de rire.

- Quoi, t’as un problème la grosse ? persifle-t-elle d’un ton très désagréable.

Sylvie est entrée avant moi, elle m’a réservée une place à ses côtés.

- Laeticia, pourquoi tu pleures ?

- J’pleure pas ! dis-je en sanglotant.

- Si bien sûr que tu pleures….dis-moi pourquoi !

Je plonge ma tête dans mes mains.

- J’en ai marre de la vie…j’en peux plus de vivre…je veux crever…je veux m’en aller…j’en peux plus !

- Pourquoi ? Ne dis pas ça !

- Mais regarde-moi, je suis grosse, je suis moche ! Les autres n’arrêtent pas de me faire chier, je n’aurai jamais de petits copains !

- Et moi qu’est-ce-que je peux dire ? me demande-t-elle

C’est vrai qu’elle n’est pas canon mais elle n’est pas aussi moche que moi : elle est un peu rondelette, elle est petite, elle a un nez en trompette, elle a les dents de devant un peu écartées cela ne fait pas d’elle un monstre aussi laid que moi. Malgré tous ses défauts, elle plaît quand même aux garçons.

 

- La différence, c’est que toi tu plaît aux garçons. Tu as un copain, Fabien Boulnoix. Jamais personne ne voudra de moi ! me lamentais-je.

- Ne dis pas ça c’est faux !

- Non, c’est vrai, tu es aveugle ou quoi ? Qui donc voudrait d’un monstre laid et purulent telle que moi ?

Elle ne me répond pas et c’est très bien ainsi.

 

 

 

MON CŒUR (1)

 

Mon cœur est rempli de doutes

Il ne sait pas quelle est sa véritable route

Il est mené par l’angoisse et le désespoir

Il pleure des larmes d’encre noire

 

Mon cœur se bat et se débat

Dans ma poitrine

Comme une plante face contre terre il se rabat

La tristesse qui le serine

 

Mon cœur est rempli d’une puissante haine

Envers lui-même

Envers moi-même

Car il sait que personne ne l’aime

 

Mon cœur veut mourir

Pour ne plus devoir subir

Le verbe souffrir

Et pouvoir enfin sourire

Laeticia Roserens 15 ans

 

 

CHAPITRE 10 : BAGARRE

 

Pourquoi obstrue-t-on le chemin

Qui conduit aux trésors que l’on possède ?

Quelle force nous fait si peur devant

L’inaction ? C’est la porte, seulement

La porte qui est lourde à pousser.

Etrange que notre nature possède

À la fois la possibilité de l’éveil

Et la crainte de s’y donner.

 

Proberbe d’Olivier Germain-Thomas

 

 

 

La sonnerie de mon réveil assourdit mes oreilles, je ne me sens pas bien du tout. J’ai peur, qu’est-ce-que Fabienne va-t-elle encore me faire subir ?

 

Arrivée à Aproz, je sens les ennuis arriver. Je m’adosse contre le mur en béton. Sylvie n’est pas encore présente.

Tout à coup, une boule de neige m’effleure le visage, je fais comme si de rien n’était. Le coupable est un ami à Fabienne : *Cédric*

Il remarque que je ne réagis pas, il repart derrière le mur, je suis persuadée qu’il ne cédera pas si facilement. Il réapparaît, cette fois-ci portant un gros bloc de neige et me le lâche sur le crâne. J’avoue, je n’ai pas eu mal, je sens une rage incontrôlable m’envahir tout entière, je ne me contrôle plus, j’ai l’impression que cette fois rien ne m’arrêtera, je me sens forte.

 

- SALAUD ! hurlais-je

- SALOPE ! hurla-t-il à son tour.

 

Je me décolle de mon mur et je me précipite à son encontre à grandes enjambées.

Je le pousse, je l’assène de coups sans trop savoir où je le frappe or ceci m’est complétement égal. Au début, il ne réagit pas, trop surpris par mon agissement, finalement il se défend. Il profite d’un instant pour me rouer de coups de poing dans le ventre, mon souffle se coupe, pourtant je ne m’arrête pas, je suis pliée en deux, rien ne m’arrêtera, je lui donne un coup dans le nez. Il me saisit le poignet et me le tord jusqu’à qu’un atroce craquement retentisse et me lance de douleur le bras tout entier telle de l’électricité. Il ne s’arrête pas en si bon chemin, il m’assène un grand coup sur la tête, cette fois s’en est fini de moi : tout tourne, des étoiles s’amusent à me torturer en dansant devant mes yeux.

 

- ARRETE CA SUFFIT ! LACHE-LA SALE GAMIN ! Cria une voix de femme qui me parut si lointaine.

- Mais c’est elle qui a commencé ! Se justifie Cédric

- NON CE N’EST PAS VRAI, J’AI TOUT VU DEPUIS LE DEBUT ET J’AURAI DU REAGIR AVANT !

Il se tait et s’éloigne frustré. Je sentis une main se poser sur mon épaule et une voix me demander :

- Ca va ? s’inquiète-t-elle

- Oui, merci beaucoup Madame.

- Oh ! Ne me remercie pas c’est tout naturel.

 

Le bus arrive, je reprends gentiment mes esprits. Je grimpe et réserve un siège pour Sylvie.

- T’as pas trop mal ? m’interroge-t-elle

« Elle en a des bonnes elle, je viens de me faire casser la gueule et elle me demande si je n’ai pas trop mal ! »

- Non, ça va merci. J’ai juste très mal au poignet. Répondis-je

Je me mets à pleurer « Pourquoi, pourquoi, pourquoi……… ? » criais-je dans ma tête.

 

Une fois arrivés à Basse-Nendaz, j’accours au bureau du directeur et sonne.

 

- Oui, Mademoiselle, que désirez-vous ?

- Bonjour, je me suis fait tapée dessus à Aproz.

- Entrez et expliquez-moi !

Je lui relate l’histoire de A à Z.

- Avez-vous mal quelque part ?

- Oui, j’ai très mal au poignet

- Montrez-moi ça !

Je soulève ma manche, il jette un simple regard.

- Oui, en effet, c’est bien enfle. On va aller examiner ça au centre médico-social à côté.

Sur le chemin, il me pose une dernière question.

- Savez-vous qui est votre agresseur ?

- Non. Mentis-je

- Comment est-il ?

- Il est roux, avec des yeux bizarres et il n’est pas très grand.

- Cédric Bonvin ?

«  Merde, il avait deviné, je ne peux plus mentir »

- Oui, je crois que c’est lui.

 

Nous arrivons au centre, un jeune infirmier noiraud et svelte nous accueille :

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

- Cette jeune fille prétend s’être fait taper dessus et dit avoir mal au poignet. Répond Monsieur Fournier

- D’accord, je vais vous emmener dans un cabinet pour étudier de plus près. Suivez-moi !

Nous le suivons le long d’un interminable couloir sombre.

- Assieds-toi sur la chaise je te prie ! Montre-moi ce poignet !

Je le lui tends et il l’examine 

- Oui, il doit y avoir une fracture ou quelque chose comme ça. Tu as mal quand j’appuie dessus ?

Il me tata ce qui me fit horriblement mal.

- Oui, ça me fait très mal.

- Ok, écoutez Monsieur Fournier, il faudrait l’amener aux urgences à Sion ou à la clinique de Haute-Nendaz, il y a grande possibilité de fissure et nous n’avons pas le matériel requis ici pour ce genre de chose.

- D’accord, je vais la conduire à Haute-Nendaz.

L’infirmier pose son regard sur moi :

- Est- ce - qu’il y a quelqu’un chez toi ?

- Oui, ma maman.

- Il faudrait que tu l’appelles pour l’avertir que tu pars à Haute-Nendaz et lui demander qu’elle vienne te chercher.

- D’accord.

Il me tend le téléphone, je compose le numéro. Deux bip retentissent et maman décroche :

« Allô, Isabelle Roserens »

- Maman, c’est moi.

«  Laeticia, qu’est-ce-qui se passe ? » m’interroge-t-elle inquiète.

- Je me suis fait tapée dessus à Aproz. J’ai peut-être une fissure au poignet et je dois monter à la clinique de Haute-Nendaz.

« Oh ! mais c’est pas vrai ! C’est un copain à Fabienne qui t’as fait ça ? »

- Oui, il faudrait que tu viennes me chercher là-haut.

« D’accord, je vais trouver une solution pour monter. Bisous à toute à l’heure »

 

- C’est bon Laeticia, elle vient vous chercher ? Sinon, je vous attends et je vous ramène aux cours après. Me propose le directeur.

« Non, non, surtout pas »

- Non, non, Monsieur tout est arrangé merci.

- Parfait, venez on y va !

- Au revoir Laeticia, au revoir Monsieur ! nous salue l’infirmier en souriant aimablement.

- Au revoir et merci.

 

Après avoir roulé bien vingt minutes, nous arrivons enfin à la clinique et Monsieur Fournier m’amène au secrétariat.

- Bonjour ! nous salue une femme assise derrière le guichet

- Bonjour, cette jeune fille ici présente dit s’être fait taper dessus et il faudrait faire une radiographie, on a passé au centre médico-social et ils ont dit qu’il y a grande chance pour que son poignet soit fissuré.

- Pas de problèmes, on va voir tout ça.

- Merci, je peux vous la laisser ? Je dois retourner travailler.

- Oui, aucun souci on s’en occupe.

- Je vous remercie bien. Laeticia, je vais convoquer Cédric et ses parents afin de régler cette histoire.

« Oh ! Non pas ça, après je vais avoir encore plus d’ennuis »

Je ne réagis pas, il fait un signe de la main et disparaît.

 

- Comment tu t’appelles ?

- Laeticia Roserens

- Parfait, Laeticia, suis-moi je vais te peser et te mesurer et faire les radios !

«  Me peser ! Mais pourquoi faire ? Quel rapport avec le poignet ? Ils veulent que la balance se brise sous mon poids de pachyderme ? »

 

Nous arrivons dans la salle d’examens, le lieu où ma pire ennemie règne. La balance trône dans un angle de la pièce.

- Je te laisse monter s’il te plaît.

J’ai peur, je suis sûre que la balance va casser sous mes kilos d’éléphant.

- Cinquante-huit kilos.

 

« Quoi ? Elle est détraquée leur balance ! Il n’y a même pas deux mois je faisais soixante-trois kilos ! Non, ce n’est pas possible, chaque jour je me regarde dans la glace, je suis sûre que je n’ai pas maigri. J’ai plutôt l’impression de grossir de jour en jour. Je suis toujours une grosse vache laitière et moche ! Il faut absolument, que j’abdique les féculents de mon alimentation car c’est plein de calories, les produits laitiers doivent disparaître aussi sauf ceux qui portent l’inscription « Light ». Il faut que je réussisse à maigrir ! Faut que je continue mon petit régime ! Faut que je mange les aliments les moins caloriques possibles ! »

 

- Nous allons te mesurer à présent. Mets-toi droite contre le mur sous le mètre.

Je m’appuie contre le mur glacial.

- Tu fais 1m59. Bon maintenant ton poignet. Viens avec moi, nous allons dans la salle de radiographie à côté !

 

La salle de radiographie est sombre et minuscule. On dirait une de ces chambres noires dans lesquelles on développait les photos à l’époque.

- Voilà, pose ton poignet sur la plaque en fer là et ne bouge plus ! Rien que de soulever mon avant-bras me fait atrocement souffrir.

- C’est bon, je peux lancer la radio ?

- Oui, c’est bon.

 

J’entends deux clics et c’est fini.

- Je te laisse patienter à la salle d’attente. Je vais étudier les radios et je viendrai te chercher après.

 

Je patiente dix petites minutes avant qu’elle me dise que mon poignet était fissuré. Elle l’entoure d’une bande et d’une atèle.

- Qui vient te chercher ? me demande-t-elle

- Ma maman, elle n’est pas encore là.

- Elle ne devrait pas tarder attends ici !

- Oui, merci.

 

Un instant plus tard, la doctoresse refait son apparition pour me dire que maman venait t’appeler pour m’avertir qu’elle partait maintenant de Bieudron, qu’elle devrait arriver dans un peu plus d’une demie heure.

 

En effet trente-cinq minutes après, la cloche de l’entrée tinte, maman est enfin là. Je sors de la salle d’attente et cours à sa rencontre.

 

- Maman, je suis là !

- Coucou, ça va ? Que c’est-il passé ?

- Je t’expliquerai plus tard.

- Elle a juste le poignet fissuré, rien de grave. La rassure la doctoresse.

- D’accord, je vous remercie beaucoup au revoir !

- Au revoir Madame, au revoir Laeticia.

Nous sortons sur le parking et je demande à maman :

- Avec qui es-tu venue ?

- Avec Jean-Marc, il est là-bas viens !

Jean-Marc est un de ses amis, il est long, brun et il a une boucle d’oreille.

 

- Salut ! me dit-il joyeusement

- Bonjour

- Et si on allait boire un café, j’ai envie d’un café. Propose maman

- Oui, pourquoi pas ? répond Jean-Marc

 

Nous nous stoppons sur le parking d’un petit bistro montagnard façonné que de bois tel un chalet. Le bistro est désert, normal la plupart des gens travaillent à cette heure-ci.

 

- Bonjour, que puis-je vous servir ? nous demande une jeune serveuse avec de longs cheveux bruns et des yeux couleur émeraude.

- Un renversé s’il vous plaît ! Commande maman.

- Un expresso s’il vous plaît

- Et moi un choc…..

« Non, pas un chocolat chaud, Laeticia, c’est rempli de sucres et le lait je t’en parle même pas. Non, tu dois résister. Souviens-toi, ton régime ! » me rappelle cette affreuse voix dans ma tête.

- Laeticia, la dame n’a pas toute la journée. Me reproche maman.

- Euh…oui excusez-moi, un verre d’eau s’il vous plaît.

 

Elle nous sourit et part derrière le comptoir.

- Alors Laeticia qu’est-ce-qui s’est passé ? me demande à nouveau maman.

Je relate mon histoire pour la énième fois de la matinée.

- Je pense que je vais envoyer la facture de tes soins aux parents de Cédric.

- Oui, en tout cas si c’était ma fille c’est ce que je ferai. Rétorque Jean-Marc

- De toute façon ma puce, je te promets qu’au mois d’août tu ne retourneras pas dans ce cycle car là ça va vraiment trop loin ! m’assure-t-elle en me passant la main dans les cheveux.

 

Le soir-même, je reçois un message de mon père me demandant comment ça va. Je lui réponds que je me suis faite tapé dessus et que j’ai le poignet fissuré mais que sinon tout va bien. Il m’appelle droit derrière

« Qu’est-ce-qui s’est passé ? » Et je narre encore une fois le récit de ma folle aventure.

« Ok, bon je passe lundi matin et je vais mettre la main sur ce salaud. Je ne sais pas on demande dans quelle classe il est et moi je le sors et je lui explique comment ça se passe »

« Ca sert à rien papa, c’est toi qui aura des problèmes à sa place et moi aussi ! »

« Je m’en fous ! Je prends le risque ! »

Je n’insiste pas, je lui dis à lundi et raccroche le téléphone. J’étais contente que pour une fois mon père prenne ma défense or j’aurai préféré qu’il la prenne dans un autre contexte.

 

Le lundi, je suis retournée en cours avec une grande appréhension. La première chose qui m’arrive c’est une chute dans les escaliers avec mon poignet dans l’atèle. Le coupable « Cédric »évidemment.

J’eus une idée pour que mon père ne passe pas à l’action cette après-midi. Je lui envoie un message pour lui dire que tout s’est arrangé et que Cédric c’est excusé.

Un gros mensonge mais m’évitant de gros problèmes.

Après cet épisode, il ne m’a plus touché.

 

 

 

TIRE DE MON JOURNAL INTIME

 

Jeudi, le 6 mars 2003

 

Allez tous vous faire foutre !!!

Toi, ma sœur ! Vous mes camarades d’école ! Toi, père irresponsable ! Toi, maman ! Toi, sale bébé qui va venir au monde au mois de juin, qui va me voler la dernière place que j’avais dans le cœur de maman !!!

Vous me faites tous chier ! Je vous emmerde tous !

Je vais me suicider dans pas longtemps, afin de ne plus vous faire chier.

Vous serez tellement heureux que je sois en Enfer !!! Je comprendrai enfin le mal que j’ai fait en venant en ce foutu monde où bientôt je ne vivrai plus !

Heureusement pour vous !!!

 

Laeticia Roserens 13 ans



03/04/2011
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