Je veux changer le monde

Je veux changer le monde

La mort cette inconnue

CHAT ALORS

 

- NE PAS PANIQUER, CECI NE SONT QUE QUELQUES TURBULENCES. LAISSEZ VOS CEINTURES ATTACHEES ! CA VA DURER QUELQUES INSTANTS, RESTEZ CALME ! NE BOUGEZ PAS DE VOS SIEGES ! VEUILLIEZ UTILISER LES MASQUES A OXYGENE QUI VONT SORTIR DES BOITIERS !

L’hôtesse de l’air nous dit de ne pas paniquer et elle nous parle de masque à oxygène. Comment ne pas paniquer quand on sait très bien que quand les masques à oxygène tombent devant notre nez c’est à ce moment-là qu’il faut paniquer ?

Justement, à l’ instant où j’ai cette pensée qui me traverse la tête, un machin ové me tombe devant les yeux : Le masque à oxygène, comme si cela allait éviter que l’avion tombe. L’avion secoue de plus en plus, l’hôtesse de l’air essayant d’apaiser les gens, mais on n’est pas bête, on sait très bien que notre vie va s’arrêter ici. Je pense à ma fille, à mon tendre mari, à mes deux sœurs et même à mon chat Patapouf, mon bébé à moi, un gros persan bleu.

L’avion pique, les gens hurlent à s’en décoller les poumons, j’ai le temps d’apercevoir l’aile droite se briser en deux. Voilà c’est ici que s’arrête ma vie, en pensant à cela une larme coule le long de mes joues et silence radio, tout est noir.

 

- Chérie, ce voyage en avion, je ne le sens pas. Dit Alain mon tendre mari.

- Tu as toujours eu peur de l’avion Alain, donc chaque voyage aérien tu ne les sens pas.

- Celui-là en particulier….J’ai un mauvais pressentiment.

- Ne t’inquiète pas mon amour, je n’en suis pas à mon premier vol en avion sur une longue distance.

- Vraiment Sarah, ne pars pas ! Repousse ce voyage, je t’en supplie !

- Non Alain, je ne peux pas. Mon association caritative compte sur moi pour être en Afghanistan dans trois jours pour construire des fontaines d’eau potable pour le peuple.

- Je sais mais…

- Ecoute mon cœur, promis dans 1 mois je serai là de retour auprès de vous bien vivante !

Lui dis-je en lui posant un doux baiser sur ses lèvres.

- Si tu le dis….Je t’aime

- Ne dis pas ça ! Je ne vais pas mourir aujourd’hui.

- Je ne sais pas. T’as raison, ça doit être ma phobie de l’avion qui me fait stresser ainsi.

- Oui, ça doit être ça. Allez faut que j’y aille !

- D’accord. Amélie, tu descends ! On va amener maman à l’aéroport.

- J’arrive. Crie une petite voix de huit ans du haut de sa chambre.

Nous roulons et nous voilà arrivés au parking de l’aéroport. Ma fille et mon mari m’accompagnent jusqu’en salle d’attente. Je m’enregistre sur les automates et ils nous restent plus qu’à attendre une petite heure. Nous allons boire un café.

Mon mari est soucieux, il a les yeux baissés, ses mains tremblent. Je lui pose la mienne sur les siennes.

- Ne t’inquiète mon amour, je serai là dans un mois. Je t’appellerai dès que j’arrive à Kaboul, je te le promets.

Il ne répond rien.

« Les passagers à destination de Kaboul sont priés de se rendre sur la piste ! »

- Voilà, mes amours, je vais y aller. Leur dis-je joyeusement en leur posant à chacun un baiser.

- Je t’aime Sarah, fais attention à toi s’il te plaît. Me demande mon mari en me serrant fort contre lui et en m’embrassant tendrement.

- Oui, ne t’inquiète pas, tout ira bien.

Je m’éloigne en les saluant de la main, en leur souriant et en criant :

- Bye bye à dans un mois.

Tous les deux me regardent partir, une moue bien visible sur leur visage. Ce sera la dernière image que je me rappellerai avant de sombrer. 

 

Je m’enfonce dans un tunnel interminable enfin plutôt mon âme chute. Je ne vois pas le bout de ce long tunnel ça doit être le fameux tunnel dont les gens parlent après un coma ou qui reviennent miraculeusement après avoir décédé. Or, d’après mes souvenirs il me semble qu’on monte dans un tunnel, on grimpe jusqu’à apercevoir la lumière qui est soi-disant « Dieu ». Moi, j’ai plutôt l’impression de tomber très rapidement dans un infini gouffre noir.

Mon âme descend, descend encore de plus en plus vite avant de percuter une espèce de boule de poils rousses. C’est là que se termine ma chute. Tout est à nouveau noir. Quand enfin mes « yeux » s’ouvrent…..les miens ? Je ne sais pas, il me semble que ma vue s’est vachement améliorée depuis la dernière fois où j’étais 65% myope des deux yeux. Là, non, tout est clair et net à un détail près, je vois en noir et blanc. Bizarre, c’est quoi ce délire ? Je tente de saisir mes lunettes médicales pour les nettoyer.

Quelle n’en fut pas ma surprise quand premièrement, je me rends compte qu’aucune lunette n’est posée sur mon nez et quand devant mes yeux, au lieu de voir des mains aux longs doigts blancs, une alliance à l’annuaire gauche, je vois……Hein ? Quoi ? Des pattes rousses avec des griffes. Je hurle, mais le son qui sort de ma bouche n’a rien d’humain, c’est un long miaulement suivit de crachements « PFFFF, TSSSS,RRRR ». Mais c’est quoi ce délire, je suis en train de faire un cauchemar, ce n’est pas possible, je vais me réveiller. Je ferme les yeux pour que ces visions d’horreur disparaissent. Je les ouvres à nouveau quelques secondes plus tard, mon champ de vision a changé, je suis enroulée dans un nid bien douillet, c’est bon j’ai fait un mauvais rêve et voilà je me réveille dans mon lit comme tous les matins « Ouf ». Un grand machin rose saumon me saisit par la peau du cou. « Touche-moi pas et d’abord comment tu fais pour saisir mes 65 kilos par le cou sans que ça me fasse mal ! »

- Voilà, mon petit chat je te ramène vers ta maman. Dit la grosse chose rose.

« Où ça un petit chat ? J’adore les petits chats moi ! Ils sont où que je puisse leur faire des câlins ? » Une fois de plus ce ne sont pas des paroles qui sortent de ma cavité buccale mais un petit miaulement aigu.

- Mais oui mon bébé, tu vas pouvoir aller manger.

« De quoi elle parle ? De quel bébé ? »

La chose rose me pose vers un espèce de mur de fourrure tigrée deux fois plus grand que moi. Elle dirige mon nez vers des petites pointes rouges. Mon nez frétille, je sens une odeur de lait et plus loin une odeur de bacon. Les odeurs me parviennent bien plus nette qu’avant, je sens tout, même le dîner qui se mijote dans la maison voisine. Une fois de plus qu’est-ce-que c’est ce délire ?

 

J’ai un creux, je tente de me lever mais mes jambes fléchissent et me voilà ventre à terre, je fais un deuxième essai : résultat, mes fesses heurtent le sol. Allez jamais deux sans trois comme on dit, je réessaie, et voilà que je tombe sur le flanc. Il ne me reste plus qu’à manger ces petites pointes rouges d’où s’échappe une bonne odeur de lait si je ne veux pas mourir de faim. Je rampe….Pourquoi je rampe d’abord ? Suis-je un serpent ? Je l’ignore, je tenterai de trouver la réponse quand j’aurai le ventre plein. Je suis trop affamée pour réfléchir.

De ma bouche, j’attrape les petites pointes rouges d’où s’échappe de la chaleur et du lait chaud. Je me fais bousculer par une boule noire, que je bouscule à mon tour.

« Et arrête ça ! respecte-moi ! On ne bouscule pas les gens comme ça ! » Comme réponse, j’ai droit à un petit cri plaintif. Une grosse chose mouillée et râpeuse commence à me lécher partout. J’abandonne la pointe rouge et m’éloigne.

« Ce n’est pas possible, on peut pas manger en paix ici ! C’est quoi l’adresse de ce restaurant ? Que j’aille porter plainte »

 

- Mais alors mon bébé, tu n’arrêtes jamais de vagabonder ! Petite peste ! Le retour de la chose rose saumon qui me prend dans les bras et qui me pose de gros baisers mouillés. Je veux partir, je prends de l’élan avec mes pieds, mes mains et….ma tête qui se tourne face à un miroir….. « AAAAAAAAAAAAh » la grosse chose saumon est une….humaine et moi je suis….Non, ce n’est pas possible ! Non, je dois rêver ! Non, non, impossible ! Sarah, tu travailles trop, tu en perds la raison, tu as des hallucinations, faudrait que tu prennes des vacances ma vieille car là ça devient grave ! Je suis, je suis…. Un chaton roux de quelques semaines. A la vue de ce reflet, je vois tout tourner et voilà que tout est de nouveau noir.



26/10/2011
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